Alger le 12/02/2008


D'une chute incontrôlée nul acrobate ne sortira indemne.
Je pourrai faire un billet de tel ou tel endroit luxueux (bien chez nous) comme je pourrai le faire de tel ou pays et les invitations ne manquent pas mais je préfère par ces quelques vers qui traduiront le fond de ma pensée le faire du cœur même de cette couche profonde de la société qui m'a vu naître, grandir et vieillir...

Mordaia

Le jour trop court
Son poids bien lourd
Qui commence doit finir.

Un destin si étanche
Les nuits toute blanches
Berceaux, se prémunir.

Présente ou absente
Sans cesse dans l'attente
Avec les rêves, grandir.

Réelle ou irréelle
Plus besoin de bretelles
D'herbe se nourrir.

Légitime ou illégitime
Souffrance en prime
Le dire et le redire.

Caressant l'espoir
Je te voulais miroir
Lumière à l'infini.

De guerre en guerre
L'essentiel un père
Pour entendre mes cris.

Vint ce jour, si grand
Aux portes du printemps
A tes côtés, les beaux défis.

La joie et encore et puis
L'eau salée des puits
Sans raison a tout détruit.

La barque pleine de trous
Sens dessus-dessous
Fuir, pour aller où?

Folie et peur partout
L'avare garde ses sous
Aux pauvres les clous.

Froid et soif à l'honneur
La fatigue étouffe le fugueur
Mon dieu : une légère lueur!


Alger 05/03/2008

Histoire d'un mort

Ecoutez, l'histoire
D'une courbe bouclée
Même sans y croire
Au retrait d'une clé.

Bon ou mauvais sort
A l'aube, déjà dehors
En attendant le printemps
Après la remise, le champ.

Période dure, il n'a pas fuit
Entre les deux, il a grandi
Semant par là, plantant par ici
L'eau venait de son puits.

Deux mains, yeux aussi
Sans cesse debout, point assis
Sur ces jambes, il était bien
Avec la terre, l'utile lien.

Toujours, au front la sueur
Dans la fatigue, son bonheur
Fier et fidèle, il faisait honneur
Il était tout même laboureur.

Hospitalier, il ouvrait sa porte
Aux amis, une aide forte
Ne lésinant point avec l'effort
Servir, c'était son confort.

Vint un jour, décrets et lois
Dictés par de nouveaux rois
Déchu, brisé en un seul mois
Il a tout perdu, même la voix.

C'était sous un soleil torride
Volontaire, d'amour point vide
Sur les épaules tout un passé
Il voulait tant se surpasser.

Ainsi dans sa chair blessé
Ne savant à qui s'adresser
Avec l'un, perdant la raison
L'autre le ramenait à la maison.

Ainsi, de partout refoulé
Procès et blâmes cumulés
Devant ces percepteurs adulés
Par les injustes, il fut acculé.

Le temps vite passait
Fini ce qu'il a ramassé.
L'heure devenant cruelle
Ne pouvant honorer le duel
Il se retourna vers le lit
Malade, y passer sa vie.

Ses enfants, tombant trop bas
Devenaient alors des harragas
D'eux, n'ayant plus de nouvelle
Son épouse alla vers les poubelles.

Ses filles, tentant l'aventure
Se perdaient dans la nature
Sur elles trop de mots
Sa peau collait à ses os.

Suite à une paralysie faciale
Par un matin glacial
Sans un adieu, il nous quitta
Qui l'a connu, s'en souviendra.


Alger le 12/03/2008

Je dédis ces quelques vers pour la douceur de Douceur que je remercie au passage de m'avoir aider à sortir d'un monde dont j'avais fait ma tombe pour une autre qu'elle a voulu tout simplement le royaume de l'amitié…

Demain

Aujourd'hui n'étant plus hier
Demain de quoi sera-t-il fait.
A chaque tombe sa pierre
En ce monde nul n'est parfait.

En lui faisant entrevoir
La fin de son calvaire
Sans daigner le voir
Elle le pousse vers l'enfer.

Elle était la grande reine
Il n'était qu'un simple valet
A la cour il faisait de la peine
En se mettant à tout déballer.

Il s'était fait tout beau
Espérant ne pas être de trop.
Alerte, impatiente et belle
Elle imitait l'hirondelle.

Elle ne tenait plus en place
Sans cesse, était à la chasse
Telle l'élève de première classe
Elle se gardait la bonne la place.

Un vol bas, l'autre plus haut
Parfois juste au dessus de l'eau
Elle n'avait pas besoin de seau
Impuissants, devant elle les enclos.

Et pourtant, inscrit sur la liste
Après avoir quitté la piste
Attentif et un peu triste
A l'abandon il résiste.

Alger le 15/03/2008


Mes amours


Ecoute donc, entre deux vents
Sous le murmure du printemps.
Un peuple fier, tout hospitalier
Comment pouvoir l'oublier?

Du coté de Fès, encore belle
Cascade et foret me rappellent
La beauté de la ville d'Azilal
Parfumée au goût du miel.

Plus loin, le long de la mer
El Hoceima et ses artères
Imzourem, porte de l'histoire
Ait Abdelaziz celle du devoir.

Tout accrochée, Ait kamra
Sans parler de béni-hedhifa
Tant de collines, tant de plats
De la mesure, dans les pas.

Bien avant, Berkane et son décore
Tout à côté la voluptueuse Nador
Les quitter ce fut un tort
Les reverrai-je avant ma mort?

Un peu plus loin, ketama, Targuist
Pour les joindre, prenant la piste
Le grand Rif, retour aux origines
Couscous ou plats des sardines.

Plus loin, merveilleuse ville
Par endroit sans électricité
Tanger porte de la diversité
Au front, contre le ridicule.

Bien en face de l'île Ibérique
Commence la grande Afrique
Mélange d'argile et de brique
Dans un décor tout lyrique.

Quelques rames séparent les deux
Qu'osent nos frères malheureux
Jouant leur vie, point vieux
Ils se remettent à la foi en Dieu

Homme de ce continent blessé
Aux pages d'histoire toute froissées
Evite, la fuite dans la clandestinité
Lutte de toutes tes forces pour rester.


Alger le 31/03/2008


Avec tous mes respects aux droits de la nature, je dédis ces quelques vers à tous ceux qui sont passés devant un juge "de divorce".


Enjeu et inconnu


Dans la salle du malheur
De l'électricité dans l'air
Une foule à vous faire peur
Mon Dieu je veux être clair.

Je suis dans un coin
Manquant de soins
Je n'ai besoin de rien
Si ce n'est un lien.

Dans ce dernier rang
Elle, c'est maman
Tout au bout, c'est papa
Qu'en savent-ils de mes pas?
L'une, élève sa voix
Elle est en robe de soie
L'autre, fatigué regarde
Sur l'avocat s'attarde.
La cour disait un monsieur
Entre deux âges, pas si vieux.
Silence disait d'une voie
Entre les doigts un stylo
Cet homme dit-on de loi
D'une chaise toute en bois.

Ce juge, en face de moi
Sorti de l'école de droit
A sa dictée, point je n'y crois
La vérité est dans l'autre voie.

Deux monstres à ses côtés
Les yeux de feu, les culottés
Devant l'un bien de dossiers
A l'autre, il ne pas se fier.
………………………..
Appelés, les voilà debout
Les défenseurs aussi.
Gare à celui qui est mou
Comme moi qui paye le prix.

A chacun ses justificatifs
Tout revient, passif et actif.
Des futilités, à vous rendre fou
Il ne manque que des cailloux.

Courant, à la barre je me colle
Monsieur, ai-je droit à la parole?
Une vieille, vida son ras le bol
Criant "mettez les en taule".

Je suis, l'enjeu et l'inconnu
Pour l'un je serai perdu
Pour l'autre, allez le savoir
Avec ces yeux tout noir.

Je suis bourreau et victime
Nuit, bruit, et ennuis riment
Il n'y a point de plus vil crime
Qu'une liberté sur fond de dîme.

Je suis né pour naître.
Je vivrai pour ne pas être
Un jour, on va disparaître
Chez Dieu réapparaître.

Dictez, écrivez encore
Mes rêves sont déjà morts
Instruisez ou renvoyez
Dans la rue mon foyer.


Alger le 13/04/2008

Troisième et dernier jour entre quatre murs d'une blancheur qui vous fait mal… J'ai passé une nuit blanche… Il est 06 heures du matin. Devant moi quatre heures avant la dernière visite du toubib et trois heurs avant ma sortie… Alors profitons de ce silence que seules, de temps à autres, quelques douloureuse plaintes, venues de la chambre d'à coté, venaient perturber je laisse la plume aller à chatouiller ces médicaments, les uns injectés, les autres avalés… Sous mes yeux deux jumeaux, dans mon esprit leur premier appel, dans mon cœur la douleur de leur papa et maman… Une vérité comme tant d'autres dans un monde qui se veut proche de ceci (démocratie et ses bienfaits) et de cela (religion et sa piété) mais qui reste bien loin de tout et surtout du vital… Un monde bien plus à la hauteur de l'indifférence et de la corruption qui s'apparente bien à une jungle bien sauvage…

Lettre des jumeaux

A ce point quand même
Il n'est plus le même
Pourquoi le déranger
Il a bien changé
Disait grand-père.

Le pouvoir l'ayant pourri
Son cœur s'est endurcit
Au dessus, il se décrit
Devant, vieux et petits
Répétait, grand-mère.

Une tendre peau pour toit
Nous avions quelques mois
C'était le ventre de maman
Nous étions les futurs sortants.

Ma sœur et moi, écoutions
Ecrire, nous nous décidions.
Avec l'aide de grand père
Maladif sur cette terre
Il a longé tant d'artères
A la recherche d'un frère.

Nous sommes deux, excellence
A solliciter votre indulgence
Afin de naître dans la confiance.
Lisez-nous avec constance
Cette lettre est pleine de vérité
La réponse nous osons la mériter.
Rien n'est écrit sur le front
A vous, nous nous adressons
Le vital devenu obsession
Avec l'injustice finissons.
Que l'on n'accable plus le destin
Nul n'est détendeur du droit divin.

C'est grand père qui la signa
Soupirant, en deux la plia.
Point besoin de facteur
Le bureau était à côté
Sur la table en douceur
Il ne fallait pas fauter.

L'attente pris forme et vie
L'espoir était si grand
Vint alors le jour des ennuis
Et pourtant c'était le printemps.
Par césarienne nous sortâmes
Sans droit, notre premier cri
Chez notre tante nous allâmes
Passer, notre première nuit.

Sans doute résultat de la gomme
Et depuis nous y sommes.
Lorsque du voyage reviendra
Notre tante à la rue nous remettra


Alger le 18/10/2008

Sans rancune


L'espoir perdant sa tribune
Ecoute et sans rancune
L'univers, garde bien sa lune
Sans le vent, point de dunes.
Entre nous, une histoire
Faite d'écrits et de silence
Sourd, tu sais surseoir
Aveugle, je n'ose le croire.

Point besoin de tablier
Ecoute, même pour oublier
Les marrons au châtaignier
La langue peut se délier.
Entre nous, des promesses
Encore, je les caresse
L'oubli devenant ton adresse
Ta pensée pour la déesse.

Ecoute le bruit de l'enclume
Point besoin de costume
Pages blanches et plumes
Cette réalité nous enrhume.
Moins vieux, nous étions agiles
Entre nous, que de villes
On a drainé bien de milles
L'un sur scène l'autre dans la file.

Même en fermant les yeux
Ecoute ce père malheureux
Fils d'homme dit valeureux
Lèvres sèches, ventre creux.
Sans rien remettre en cause
Entre nous, que de choses
Dont cette tige du morose
Que je retrouve dans ma prose.

Ecoute, ils ne sont pas bêtes
Ces analphabètes, ces arpètes
Même en soulignant sept
De loin, ils suivent la fête.
De la lumière pour la maison,
Dans la foi, le réel présent
Le futur à l'horizon
Entre nous, un passé, un présent.

Sincère, mais fidèle au destin
Croyant, voilà ma main
Ensemble, du bon chemin
Refleuriront les matins.


Le vent du diable


«Livres saints royaumes des cultures
Mutilés, sur les étagères agonisent
Le diable, cultivateur de la froidure
Goûte aux plaisirs de sa main mise.»

Sapins et guirlandes déplacés,
Vœux et prières enterrées
La violence a tout surclassée
Dans ce coin, par Dieu éclairé.
Bougie et cierge, éteints
Par les fidèles abandonnés
Les bancs s’offrent au destin
D’une aire aux conflits abonnée.

Dans le ciel, la haine gronde
Dans les airs, les obus sifflent
Sur la terre les malheurs abondent
L’humanité subie une autre gifle.
Sans museau, sans corne, sans poil
L’homme est tombé bien bas
L’instinct sauvage, se dévoile
Sur l’espoir une grande croix.


AMAZIGH-IMAZIGHEN

Porter haut le bien contre le mal
Une bataille n’est pas une guerre
Le moindre geste n’étant pas banal
Ici ou ailleurs c’est la même terre.

Arme primitive, grande volonté
Brave et sincère avec sa patrie
Dans le Rif, toute la dignité
Entre ses frères le même cri
«Liberté ». Pris entre deux feux
Krim, exilé, continua ailleurs
Revoir les trois, unis et heureux
Il mourut avec cette douleur.
Moulouya, pour les conteurs.

Point peur, du gris ou du noir
Entre tes mains l’espoir
Tu vomis pistes et couloirs
Révolté tu ne peux t’asseoir.

Inconnu du bruit et du silence
Moderne sans intransigeance
Armé d’amour et de foi
Zerda à la fin de tel mois.
Il fut un temps, tu fus
Grand tu n’as rien perdu
Hommes, tu as tant connu.
Elève de Lala N’Soumer
Novembre, accompagna ton père.

Plus conscient que par le passé
Te voilà sans cesse à l’écoute
Figues et olives ramassées
Du droit des uns point tu ne doutes.

Invité d’honneur, tu honores
Mélange de foi et de culture
A chaque poterie son décors
Zaouïa pour panser les blessures.
Il était une fois, poete comme toi
Grandeur, fidélité et sagesse
Homme, respect à la divine loi
Ennemi juré de la bassesse
Novembre le retrouva dans les bois.

A toi, fidèle au grand passé
Ma pensée, s’envole
Imazighen, la voie tracée
Royaume des nobles rôles.
Oublier, ces années de braises
Un crime de lèse majesté.
Contrer, rocher et falaise
Hiver tout comme été
Entre-nous, tu restes notre fierté.


Alger le 14/03/2009

Repose en paix (à la mémoire du poete Péruvien : James oscco Anamaria)

Noble poète d’hier,
Martyr d’aujourd’hui
Sur ta tombe les prières
Des frères, sœurs et amis.

Reposes, en paix
Ton parcours est conté.
Tes vers sources de dignité
Réveille bien l’humanité.

Ton rêve, bien noté
Des deux mains porté
Sans l’aide de Protée
Reposes en paix.

Entre deux, tu as vécu
Pour autrui tout donné
L’ennemi t’ayant reconnu
Il ne te l’a pas pardonné.

La voie toute pensée
Pour autrui, point renoncer
La loi du silence défoncée
Entre deux, tu as dénoncé.

Reposes, en paix
La relève est partout
De foi, de justice armée
Jésus a connu les clous.


Alger le 28/02/2010

L’injustice ayant fait sauter tous les verrous, à chacun sa propre fatigue…

Au cœur de la couche profonde de la société le monde est loin d’être celui dont les uns et les autres, entre deux tours, en parlent parfois tout juste pour parler et souvent pour le plaisir de le faire… Dans cette dite société il y a ceux qui sont fatigués de porter et ceux qui sont fatigués de supporter le manque insurmontable de la moindre considération. Il y a un proverbe espagnole qui dit : lorsque quelqu’un montre la lune, l’imbécile regarde le doigt… Enfin que peut-il bien faire un quelconque droit y compris celui de la citoyenneté lorsque l’injustice devient un priorité ?

Fatigué

(dédicacé à mon frère poète Athanase Vantchev de Tracy)

Fatigué, du regard je suis

Ces sbires qui me déchirent

Mon silence restant un cri

Ils s’amusent à m’étourdir.

 

Fatigué, je n’en peux plus

En moi, rien n’est en place.

Insuffisante reste la vertu

Dans un champ de glace.

 

Fatigué de voir, de respirer

Cette injustice sans visage

Dans une tombe me retirer

Rejoindre les nobles sages.

 

Fatigué d’être ainsi fatigué

Regardez, ici, là et de ce côté

Même les cimetières sont brigués

Présent et passé, tout a sauté.

 

Fatigué, je continu d’écrire

La vérité, je ne fais que décrire

Cette réalité qui fait souffrir

Bien de fidèles à en mourir.

 

Fatigué, priez pour le fatigué

Ils le veulent, un pigeon bagué

Son verbe n’étant pas fabriqué

Le poète risque d’abdiquer.

 

Mouloudi Mustapha

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