Alger le 30/10/2006
Les souvenirs retracent toujours un vécu et par voie de conséquence ne meurent pas. Il ne suffit que d'un petit recule en arrière pour que tout reprenne forme et vie et c'est ce que je vais tenter de traduire…
Un souvenir peut à la fois, faire en nous, naître la satisfaction d'avoir accomplit ce que nous pensions être une bonne chose mais aussi peut nous plonger dans le monde des remords lorsque les buts ne sont pas ceux qu'ils auraient dû être…

Pour peu que nous prenions la peine d'entreprendre l'analyse nécessaire, nous trouverions bien dans les souvenirs "le meilleur enseignant"…

Marchand des rêves

Fin prêt pour le vernissage
Sur les murs, les adages
Sonorisation dans les bagages.

Imprenable, par dressage
Deux lignes, pour le passage
A chaque côté, des images.

Impénétrable, par fixage
Portant le même plumage
Aux deux bouts le dosage.

Inaccessible, trop de blocages
Encore humide, le vernissage
Faux sourires en étalage.

Dans l'air, l'histoire du veuvage
Sur terre, dictant le libertinage
Gravement, on me dévisage.

C'était, à Laghouat, ville des sages
Avec ses rues sans bitumage
Et quartiers sans éclairage.
Coin oublié, fief du chômage.
Son sous sol, livré au bradage
La misère fait un carnage.

C'était à Laghouat, ville sans barrage
Ligne droite, point de virage
Histoire pure, sans cadrage.
Coin délaissé, triste paysage
Sécheresse sous emballage
Tout, rappelle le vieil âge.


C'était à Laghouat, nid de la culture
Ville de la bravoure sans bavure
Son abandon, profonde blessure.
Coin sans coing, tradition pure
Son passé, une belle armature
Malgré telle conjoncture.

C'était
Début d'été
J'y étais
Tout hébété

Sur leur dos trop d'amendes
Auditoire sur commande
Pourquoi tout ce monde ?
Dans leur cœur une seule chose
Cueillir à temps la rose
Pour s'assurer la belle pose.
Je regardais pour garder
Le tout placardé
Sur les murs lézardés.
Non loin, des vérités
Sous mes yeux, une réalité
Regards, le reste est limité.

Il compte
Je conte
Son décompte
Dans mon conte.

Soleil de plomb, tout passe
Les uns arrivent de la chasse
Les autres en rond se placent.
Vent de sable, bravées
La fatigue n’ayant rien achevé
Vers le parc, les yeux rivés.

La curiosité recentrée
Bousculade à l'entrée
L'orchestre faisait sa rentrée.
La salle était bien pleine
Attendant rois et reines
Elle se donnait trop de peines.

A l’heure, sans retard
Voitures de luxe et cars
Arrivaient en fanfare.
Applaudissements de partout
Fusent alors les youyous
Permission aux longs cous.


Descente assurée, bien encadrée
Quelques pas nous séparaient
Gare à celui, qui osait s’aventurer.

Sur la scène, tout fier
Emblème en bandoulière
Debout, comme pour la prière.
Oubliant ses douleurs
Pour essuyer les horreurs
Il annonça les couleurs :

Le blanc à l’assaut des oreilles
Le vert, enfin se réveille
Point de guêpes que d’abeilles.

Je lutterai contre l’insécurité
Je combattrai la précarité.
En un mot, la solidarité
Au programme, la fierté.

Je lutterai contre l'exclusion
A l'honneur, je fais allusion
Plus de folie, plus de dérision.

Dans les taudis, point de vie
La construction à l’infini.
Je planterai le bonheur, ici
Tout évoluera, vous aussi.
Il n’y aura, plus de chômeur
A chacun droit et honneur.
Un toit contre les malheurs
De l'avenir vous n'aurez plus peur.

Sur la justice, je veillerai
L’injustice, je combattrai
Vos conseils, me guideraient
Faits et gestes, je divulguerai.
La paix, je l'installerai
Le pardon, je le dicterai
Plus d'aventure, j'ordonnerai
A vous, la clé, je la confierai.

Deux heures se sont écoulées
Sur les mots il s'est défoulé.
Promesses déroulées
Le tapis fut enroulé.

La foule se dispersa
Ici, il ne repassera pas
Sur la scène s’installa
La nuit des cobras.

le marchand des rêves (2ème partie)

le marchand des rêves
Alger, semblait être plus loin
Jadis, fief des bons soins
Aujourd'hui, tresse ses besoins.
Ville côtière, tout un livre
De son passé encore ivre
Ses ruelles, sont à suivre.

Alger, jadis ville des vestiges
Fière de son prestige
Son histoire vous donne le vertige.
Ville de moult batailles
Saine dans ses entrailles
Chez les anciens point de faille.
Telle une lampe suspendue
L'hospitalité point perdue
Elle vous souhaite la bienvenue.

Alger, pour être et rester Alger
Avec un ciel dégagé
Que n'a-t-elle pas déranger ?
Le sauve qui peut, fredonné
Par les turcs, elle fut abandonnée.
A toute histoire ses zones noires
Je reste dans mon couloir.
A ce présent, il faut songer
L'incertitude l'a déjà rongée.

Alger, ville par l'exode dépassée
Par endroit violacée
L'humidité va l'agacer.
Murs d'hier, tout lézardés
Sur le gris ne point s'attarder
Le noir a tout canardé.
Gorgée de souvenirs
La casbah sait encore sourire
La pollution la fait souffrir.
Dans son coin noir
Fière de son histoire
Elle garde l'espoir.
Tout près Belcourt
Source de mes cours
Hama Marine comme toujours
Cœur d'un certain jour
Elle a bien jouait des tours
Pour exporter le four.
Non loin El-Harrach
Sur l'oubli crache
Au présent s'attache.
Bourouba, mon histoire
J'irai la revoir
Sur le trottoir m'asseoir.
Elle s'appelait boubsila
La terreur venait des paras
Ils nous appelaient les rats.
Je me souviens encore
Nous étions jeunes et forts
Ce mois, restera dans mon for.
Je me souviens encore
Grande cause, triste sort
Sous mes yeux la mort.
Je me souviens sans râler
Les balles sifflaient
Un ami, muet avait parlé.
Tipaza et même Chéraga
Endroits où travaillait papa
Le béton a rongé, haut et bas.
De la ville des roses
Il ne reste pas grand-chose
Plus de vie que du morose.
Plus loin du côté de Rovigo
Seule la montagne garde son veto
Plus d'orange plus d'abricot.
J'allais oublier Boufarik
Aux vastes vergers féeriques
Aujourd'hui bien cadavérique.
Boumerdes comment l'oublier?
Rocher noir, le grand levier
Ayant coûté bien de souliers.
Fort de l'eau et ses plages
Ain-taya proie au pillage
Pin maritime en otage.

Sans gager
Temps dégagé
A la marche forgé
Je m'engageais.

Les bouchons ne sont plus en liège
Faufilage pour éviter les pièges
Il faut trouver le bon solfège.
Le DO trop court, le RE aussi
SO et LA, pleins d'ennuis
Au MI et au FA je dis merci.

Ahuri, je venais d'un trou
Pressé, je courais au rendez-vous
Voies bitumées point de boue.
Les chaussures trouées
Il fallait des coudes, jouer
Ou se servir d'une bouée.




Avec peine, je m'étais retrouvé
Dans un couloir peu éclairé
Slogans, de chaque côté.
Très surveillé, je le traversais
Certaines portes cadenassées
Une seule était bien gardée.

Me voilà, dans une grande salle
Gradins, comme dans un bal
Réservés pour ceux qui valent.
Les porteurs d'espoirs amassés
Difficilement je me déplaçais
Montre perdue, plume cassée.

Des paires jouaient aux doux
Me voilà droit tel un clou
Avec mes frères, debout.
Nul n'avala sa langue
Et l'attente ne fut pas longue.

L'ouverture, tout doucement
De la porte sans grincement
Libère les applaudissements.
A ses côtés des proches
Rebelote pour l'approche
Aux oreilles il s'accroche.

Tout près des canards
Slogans sur les dossards
Dans la main un buvard.

Me voilà
Sur ses pas
Avec mes bas
Je suis un cas.
Guêpes ou abeilles
Certains sommeillent
Je tends l'oreille.

Frères et sœurs vers vous je reviens
Je suis des vôtres, vous êtes des miens
Ensemble, nous avons tissés des liens.
Par et pour vous, je suis là
Je vous promets le grand pas
Il n'y aura plus de bas.
La paix réalisée
Les alentours sécurisés
Le reste à dynamiser.
Devant nous de grands projets
Sur cette terre plus de rejet
L'insécurité n'est plus un sujet.
A chacun ses droits
En vous j'ai foi
Chez nous, plus de roi.
Je reste l'homme qu'il faut
La solution de tous les maux
La concorde n'est plus un mot.
J'ai entendu, j'ai vu, j'ai noté
Plus de barrière à sauter…

La main sur le coeur
Frères et sœurs,
Souvenez-vous de l'oppresseur
Nous avons vaincu sa terreur.
Je n'irai pas par mille chemins
Il faut relancer le train
Toute courbe a une fin.
Je n'irai pas par mille chemins
Redresser ce qui est en déclin
Redonner l'espoir au matin.
Je n'irai pas par mille chemins
Pour dénoncer les mesquins
Et leurs vils dessins.
La clé est entre vos mains
Pour les meilleurs demains
Dans la continuité le bon bain.

Du déjà entendu
Fatigué plus de jus
Je sortais, je n'en pouvais plus.

Alger le 17/03/2007

Au début, une vie
A la fin, la mort
Le murmure est un cri
Le silence est un tort.
Au début, un fruit
A la fin, un fardeau
La victime, suit le bruit
Sur sa tête le marteau.
Au début, de l'amour
A la fin que de détours.
Le saint devient sourd
Au diable, nuits et jours.
Au début, large sourire
A la fin, la froideur.
Le respect fait souffrir
L'espoir devient rongeur.
Le début portant sa fin
Destin dans la main
Gémir de froid et de faim
A chaque tombe son bain.


Alger le 25/07/2007

Je dédis ces vers à l'ensemble des amis et frères de l'ENGCB avec lesquels j'ai passé les plus belles années (28 ans) de ma vie exception faite de l'année 2000…

Dans une ville, il y a toujours tel ou tel endroit qui nous rappelle cette jeunesse que nous avons porté à bras le corps avec désir, avec plaisir, avec amour et sans détour… Ces élans, si simples et si innocents, cette profonde volonté pour la compassion et l'entraide, ce profond respect autant envers soi qu'envers les autres, tiraient leurs origines de cette profonde culture si bien transmise, si bien enseignée et si bien retenue… Nous étions emportés par ce profond amour que nous portions tant à notre appartenance qu'à cette histoire que nous voulions le fer de lance autant du progrès que de l'épanouissement … Nous étions si fier autant de notre jeunesse que de cette terre si bien irriguée de larmes et de sang, qu'il était de notre devoir de la vivre au sens propre du mot voir dans la joie et surtout dans le devoir d'être ce que les anciens étaient… Les moyens n'étaient pas ceux d'aujourd'hui mais ils étaient accompagnés de cette dite culture aujourd'hui détruite par la matérialisation de moindre souffle de vie. Les moyens n'étaient pas ceux d'aujourd'hui mais la satisfaction valait autant son poids que son nom. Nous étions bien ce que la jeunesse d'aujourd'hui risquerait bien de ne pas être car livrée à ce système de gestion qui semble imposer telle ou telle forme d'abandon et d'indifférence, elle n'atteindra jamais le seuil du droit à l'espoir…A moins que des cendres de la défection des historiens renaîtraient les germes de l'histoire… A moins que des cendres de l'attente renaîtraient les germes du sursaut… Encore faut-il que les uns et les autres permettent aux bourgeons l'éclosion… Malheureusement le présent est tout autre avec son lot de lapsus…

Ville d'antan
Jadis, la nuit tout éveillé
Par ta blancheur, émerveillé
Je dévalais, ruelles et rues
Nul coin ne m'était inconnu.
Choyé, lucide entre tes bras
Tout fier, l'emblème au mat
Témoignage des mémoires
Si propre, il fallait le voir
Entre nous, le devoir.

Jadis, la beauté de tes hauteurs
Offrait, joies et bonheur
Air pur, il n'y avait pas de mieux
Les jeunes, n'étaient pas si vieux.
Assidu et fier, j'écoutais papa
Maman, contrait les trépas
Nous aimions soigner nos pas.

Jadis, ton port m'attiré
Les bateaux au quai amarrés
De barque en barque je sautais
Dans l'eau, lorsque je fautais.
Libéré et libre je vivais
Les yeux sur la plaque, rivés.
Gardiens, point de privé.

Jadis, mais aujourd'hui
Le sang coule, décrit et écrit
Les larmes usant le noir
Attristent les mémoires.
Souffle sans serrure, rouillé
Regard en douceur, verrouillé
Croulant tout mouillé.

Jadis, mais aujourd'hui
Plus de soleil, que de nuit
L'aphone garde ces cris
Sur le front que de plis.
Du passé je garde les traces
Dans mon cœur plus de place
Biaisé, je m'accroche à ma race…

Jadis, mais aujourd'hui
Les coulisses à l'infini
Point de frères, que d'ennemis
La tyrannie s'offre la vie…
Abattoir à ciel ouvert
Dans la suite l'enfer
Honte à ce découvert.

Aujourd'hui tout est à vomir
Le bébé vient pour souffrir
Pollué ce que je respire
Je m'attends bien au pire.
Qui ne peut aimer, peut haïr
Avec les corrompus en finir.
Rageur, je maudis "vieillir".

Aujourd'hui, foyer de l'inculture
Les sacrifices deviennent pâture
Le nom n'est plus un nom
Dans la bourse un surnom
Monsieur, au cœur de plomb.

Aujourd'hui, un mauvais présent
Jadis, restera toujours présent.
Ai-je tort ou ai-je raison
Regardez de grâce l'horizon
Elu, il a détruit la maison.

De ce présent, j'en fais cadeau
A ces défenseurs des maux
Philosophes, tous frais tout beaux
Les ministres et le garde des sceaux.


Alger le 02/08/2007

Vu d'une fenêtre
Entre l'esprit et la poche
Il n'a plus de pont
De l'abîme, il s'approche
Sans doute, il touchera le fond.

Entre la pensée et le touché
Il n'a plus de lien
Front humides, nez bouché
La grippe, son unique bien.

Entre le droit est le devoir
Les anneaux ne manquent pas
Il faut vivre pour y croire
Les sauts deviennent des pas.

Entre la foi et le religieux
Seuls les murs subsistent
Jeunes pour être vieux
Aux vagues, résistent.

Entre l'utopie et la réalité
Le panier de l'imaginaire
Dévoile ses atrocités
A commencer par la misère.


Alger le 6/08/2007

A la mémoire du défunt Jean Marie Fustiger.

Encore, l'humanité perd un des fils qui a su donner un sens "au dialogue" en général…

La mort d'un frère

L'oubli, c'est la perte de soi
Nul n'est serf, nul n'est roi
Croissant ou croix
Un seul Dieu, une seule foi.

Vivant, il a tant porté
Respect et fidélité.
Sincérité et vertu
Il était, il ne l'est plus.

Vivant, il a tant aimé
Ses mots étaient rimés
La soif l'a déprimé
L'injustice l'a abîmé.

Je me souviens de lui
Dans un coin assis
Répondant aux passants
Il saluait les mamans.

Je me souviens de lui
Il veillait tard la nuit
Soulageant les démunis
Berçant grands et petits.

L'oubli, c'est criminel
Avec lui la vie était belle
Egaux, plus de métisse
Que dieu le bénisse.

Mouloudi Mustapha

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